Un calcul gagnant

Calzy 3 fait partie du cercle très fermé des apps qui ont permis à leur créateur de recevoir un Apple Design Award en 2018. Ce prix récompense la créativité artistique et les prouesses techniques dont font preuve les développeurs les plus brillants. On peut dire de ses lauréats qu’ils définissent les grandes tendances en matière d’innovation et de conception d’apps sur les plateformes Apple.

Les nombres ont leur beauté propre. Et ce n’est pas Raja Vijayaraman, cet artiste expert en effets spéciaux à l’origine de l’une des calculatrices les plus élégantes de l’App Store, qui va nous contredire. Avant de sortir Calzy 3, il avait déjà travaillé sur quelques films, parmi lesquels Robot, un film de SF qui a connu un beau succès en 2010. Raja a conçu la première version de Calzy comme une mise à jour et une modernisation des apps de calcul existantes, dont les fonctions de mémorisation ne le satisfaisaient pas.

Calzy 3 ne se limite donc pas à sa plastique avantageuse : l’app facilite l’enregistrement des résultats, la prise en compte de la TVA ou encore l’arrondissement à l’euro le plus proche. L’an dernier, après avoir appris à programmer sur Swift, Raja a revu l’app de fond en comble, en la dotant d’une fonction « glisser-déposer » qui permet d’épingler certains calculs et d’une fonction qui permet à l’app d’annoncer vos résultats dans des dizaines de langues différentes.

Ce jeune Indien de 33 ans nous raconte comment il a appris à coder à l’aide d’un livre au format PDF, et nous révèle l’approche à privilégier lorsqu’on veut concevoir une app.

Quel problème essayiez-vous de résoudre avec Calzy 3 ?
La calculatrice incluse dans l’iPhone est l’une des apps que j’ai le plus utilisées. Je me suis dit qu’il serait intéressant de bénéficier d’une palette d’outils mathématiques complète, et ai aussi voulu ajouter la possibilité d’enregistrer des calculs susceptibles d’être à nouveau utiles. La dernière version, Calzy 3, est issue d’une réflexion portant sur les évolutions possibles de la calculette, suite aux nouveautés apportées par les différentes versions d’iOS. J’ai utilisé le « glisser-déposer » pour rendre la fonction de mémorisation encore plus simple à utiliser, et la 3D Touch pour ajouter des fonctionnalités tout en conservant l’aspect épuré de l’app.

Quels sont les plus grands défis que vous avez rencontrés au cours de la création de votre app, et comment les avez-vous surmontés ?
N’ayant pas de diplôme en programmation ou en conception de logiciels, je dois dire que la partie codage a été un peu délicate. La version PDF de « How to Think Like a Computer Scientist: Learning with Python » (Comment penser comme un informaticien : apprendre avec Python, en français) m’a aidé à acquérir les notions de base. S’il y a de nombreux concepts que je ne pouvais pas appréhender dans leur totalité (comme les classes, l’héritage ou la programmation orientée objet), j’ai facilement pu rapporter au sein de l’app ce que j’avais appris, à savoir me servir des nombres à virgule flottante, calculer à l’aide d’une fonction ou sauvegarder des données sous forme d’une chaîne de caractères.

Qu’est-ce qui s’est avéré plus facile que prévu ?
Quand j’ai débuté cette aventure il y a maintenant cinq ans, je n’avais pas la moindre expérience en termes de vente de logiciels. Mais j’ai découvert que n’importe qui pouvait s’inscrire au programme Apple Developer pour 99 $, et commencer à distribuer ses apps partout dans le monde. C’était une occasion en or pour se lancer.

À quel moment avez-vous réalisé que vous touchiez au but ?
La toute première fois que j’ai vu l’app tourner sur mon iPhone, après avoir inclus quelques éléments d’interface utilisateur à l’aide d’Xcode.

Quels conseils donneriez-vous au jeune Raja ?
En ce qui concerne la programmation, de ne pas trop se prendre la tête. On ne peut pas tout comprendre du premier coup. Il vaut mieux s’engager dans une approche lente et constructive, et se dire que l’on parviendra à connecter les différents morceaux en cours de route. Et pour le design de l’app, qu’il faut avant tout résoudre les problèmes et s’assurer que l’app est facile à utiliser et agréable à l’œil.

Et pour finir, qu’avez-vous en tête pour la suite ?
Là, je vais déjà mettre à jour mes autres apps pour les rendre compatibles avec la dernière version d’iOS. Autrement, je suis extrêmement emballé par l’arrivée des nouveaux Core ML 2 et ARKit 2...

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