DERRIÈRE LE STUDIO
AR pour architecture
ARki: Room Planner
Très tôt dans sa carrière, Sahar Fikouhi a eu l’opportunité de travailler pour Norman Foster, l’un des architectes les plus renommés au monde ; un job de rêve pour beaucoup de gens. Mais elle s’est rendu compte au fil du temps qu’elle était plus inspirée par le virtuel que par le matériel.
En 2010, Sahar a donc quitté Foster + Partners pour suivre un second master (son premier en design computationnel), en se concentrant sur l’utilisation de la réalité augmentée (AR) en architecture. C’est au cours de celui-ci qu’elle a commencé à concevoir son app ARki, dont l’ambition est de résoudre les problèmes causés par les changements récurrents des plans architecturaux tout au long d’un projet. Elle en parle comme d’une « galerie architecturale en réalité augmentée et d’une boîte à outils de RA pour les designers 3D ».
L’objectif de Sahar, qui habite à Londres, était de pouvoir faire le tri entre toutes les informations disponibles sur un nouveau bâtiment afin d’en extraire les plus pertinentes.
« On était toujours en train d’envoyer des modèles directement de l’ordinateur à l’imprimante pour les imprimer en 3D », explique-t-elle. « Mais on avait à peine le temps de les imprimer qu’on travaillait déjà sur une nouvelle version des plans. »
Sahar a alors réalisé que l’utilisation de la réalité augmentée permettrait d’accéder aux modèles à jour en temps réel, de présenter plus efficacement les nouveaux designs aux clients, et de rendre l’architecture plus portable que ne pourraient jamais le permettre les modèles physiques.
Une partie du développement d’ARki a été financée par les revenus que Sahar tirait des jeux en RA sur lesquels elle travaillait en parallèle — comme le primé Hermaton. À l’instar de ces jeux, ARki brouille la frontière entre modélisation et réalité en permettant à ses utilisateurs de naviguer d’extérieur en intérieur et de prêter attention au moindre détail, comme ils le feraient dans la vie réelle.
Après le lancement de la première version d’ARki en 2012, Sahar a présenté son app à des cabinets d’architectes. Certains d’entre eux — notamment le concepteur de One Blackfriars, une tour de 50 étages à Londres — lui ont fait confiance et l’ont chargée de transformer leurs plans 2D en modèle 3D en RA.
Le bouche à oreilles a ensuite fait son œuvre, jusqu’à ce qu’en 2017, Arch Daily, site internet spécialisé en architecture, nomme ARki la meilleure app de réalité augmentée pour les architectes.
La même année, Sahar a pu améliorer encore le réalisme d’ARki en l’intégrant à ARKit, la plateforme de RA révolutionnaire d’Apple. Cela lui a permis de passer d’une échelle 1:100 à 1:1 pour la représentation des bâtiments en RA.
Une différence majeure, selon elle, « entre observer un modèle sur table et explorer un véritable bâtiment ».
Les critiques positives et l’amélioration technologique ont ainsi entraîné une demande galopante pour ARki.
« J’ai reçu énormément d’e-mails d’architectes qui voulaient utiliser eux-mêmes l’app et y importer leurs projets », affirme-t-elle. « C’est à ce moment-là que j’ai commencé à envisager l’app comme une sorte de plateforme. »
Plus de 700 architectes et cabinets se sont inscrits pour utiliser la nouvelle version d’ARki avant même sa sortie — dont Foster + Partners qui va participer à la phase de test.
Pour Sahar, la différence entre ARki 5.0 et ses versions précédentes vient principalement de sa capacité « à partager des projets grandeur nature pour que les utilisateurs puissent faire comme s’ils étaient réellement à l’intérieur de chaque bâtiment ». L’app permet non seulement aux architectes d’y importer eux-mêmes leurs projets, mais aussi au public de pouvoir visiter plus de bâtiments en RA.
Sahar espère ainsi qu’ARki pourra devenir une plateforme riche et éducative, « une sorte de vitrine de ce que l’architecture a de mieux à offrir ».
« Tout est plus immersif en RA. Si vous voulez vraiment comprendre un bâtiment, vous pouvez le visiter de l’intérieur sans même avoir à vous y rendre. »